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Article du mois
Article of the month

 

 

UN GRAND COEUR À L'ÉCOUTE DES CORPS
NOTRE ENTREVUE AVEC ANGELO PERRI

Par l'équipe ACTMD

Monsieur Angelo Perri est vice-président, cofondateur et membre de la première heure de l'Association Canadienne des Thérapeutes en Médecines Douces (ACTMD).

Massothérapeute depuis plus de quinze ans, il exerce dans les Laurentides. Ses intérêts étant naturellement orientés vers la dynamique de la relation corps-esprit, il a choisi de travailler principalement avec une clientèle affectée de lourds handicaps, enfants et adultes.

Il a bien voulu nous accorder cette entrevue….

Équipe ACTMD :

Bonjour Monsieur Perri,

Nous souhaitons partager avec nos lecteurs les particularités de votre approche thérapeutique.

Comment en êtes-vous venu à développer une spécialité avec les enfants ou adultes handicapés ? Quels étaient alors vos objectifs ?

A. Perri :

Je dois rectifier : il est vrai que ma clientèle se compose en majeure partie de personnes handicapées d'un âge variant entre 40 et 60 ans, avec un niveau de développement mental ou émotionnel équivalent à celui d'un enfant. Toutefois, je continue à offrir à ma clientèle mes services en massothérapie conventionnelle ; ces deux aspects de ma profession composent pour moi une certaine forme d'équilibre.

Mon premier contact s'est fait par le biais d'un intervenant en résidence pour personnes handicapées qui m'a demandé si je serais intéressé à travailler avec ce type de patients et c'est alors que j'ai vu le potentiel du développement d'une approche particulière. La compassion et le désir profond de venir en aide ont été mon moteur à cette époque, sans plus.

Équipe ACTMD :  

Expliquez-nous votre approche.

A. Perri :

Il ne s'agit pas d'une technique particulière, mais plutôt de l'utilisation de différentes manœuvres tirées de mes apprentissages telles la kinésithérapie, la technique Alexander, la Bio énergétique, la Lecture du corps (Gestalt), les Trigger points et strain/counterstrain ou " Handi-massage ", chacune adaptée à l'individu et à sa capacité de recevoir ; en fait, il s'agit habituellement de trouver la meilleure formule applicable, au cas par cas, à chacun de mes clients.

Équipe ACTMD :  

Lors de l'établissement du bilan santé de la personne que vous allez traiter, l'observation et l'analyse des différents points de tension suffisent-elles pour établir le programme de traitement approprié ?  Sinon, utilisez-vous des instruments de mesure ?

A. Perri :

Surtout pas d'instruments. Comme les émotions ne se mesurent pas, j'utilise le langage du corps comme première approche. L'analyse bio énergétique que j'ai graduellement ajoutée à ma pratique au cours des années a été un support considérable à mon expérience déjà acquise de thérapeute, et mes mains, qui cherchent à percevoir les blocages tant physiques qu'émotionnels et les nœuds, font le reste.

Équipe ACTMD :  

Quels types de troubles ou problématiques traitez-vous en particulier ?

A. Perri :

Je traite en particulier des personnes demeurant de façon permanente en résidence, lourdement handicapées physiquement, mentalement ou les deux à la fois, jeunes et moins jeunes.  J'ai également traité des gens ayant un handicap physique non moteur, tels la cécité ou une maladie dégénérative comme la sclérose en plaques, par exemple. Une adaptation dans l'approche est requise dans chaque cas.

Équipe ACTMD :  

Combien de temps vous a-t-il fallu pour développer cette nouvelle clientèle ?

A. Perri :

Le temps ne peut être évalué puisque chaque fois, l'approche est différente, mais je pourrais dire que cette " spécialité " s'est dessinée toujours davantage au cours des onze dernières années. Toutefois, le fait de traiter maintenant presque la majeure partie du temps ce type de clientèle, n'exclut pas que je souhaite conserver ma pratique régulière.

Équipe ACTMD :  

Quelles ont été les plus grandes difficultés que vous ayez eu vous-même à surmonter face à cette clientèle ?  Par exemple, avez-vous eu à modifier les techniques de massage classiques en fonction de la morphologie de chacun, ou est-ce plutôt émotivement que vous avez eu à vous adapter ?

A. Perri :

Chose certaine, au tout début je ne savais trop par où commencer, mais j'ai laissé l'amour et l'ouverture du coeur me guider.  C'est en voyant ces corps difformes qui n'avaient possiblement jamais été touchés, crispés, la tête enfoncée dans les épaules, des enfants dans des corps d'adultes, souvent incapables de communiquer verbalement, que j'ai su que je pouvais faire une différence. L'écoute du non dit, l'observation du langage corporel, l'attente de l'acceptation de ma présence et l'attention envers l'émotion ressentie ont alors été d'un grand secours pour poser les meilleurs gestes.

Équipe ACTMD :

Qui sont ceux qui font davantage appel à vos services ?  Le personnel soignant des centres de réadaptation, les centres d'accueil spécialisés ou le plus souvent les parents ?

A. Perri :

Le personnel intervenant en résidence est celui qui communique avec moi régulièrement, en fonction des besoins et des moyens financiers dont dispose l'établissement : ces centres sont gérés par des conseils d'administration bénéficiant de portefeuilles subventionnés au privé ou non. Plus rarement, les parents ou proches des patients qui ont un contact suivi avec eux peuvent aussi avoir recours à mes services.

Équipe ACTMD :

Comment vous perçoivent les parents de ces enfants ?

A. Perri :

Les rares contacts que j'ai avec les parents ou membres des familles sont très chaleureux puisque ceux-ci se rendent compte du bien que je peux apporter à leur enfant et ils en sont très heureux. Les premières approches sont parfois empreintes d'une certaine méfiance, mais après un certain moment, ils me font entièrement confiance.

Équipe ACTMD :  

Dès la première rencontre, il vous faut établir le climat approprié sécurisant avec ces personnes, tout en considérant vos limites et celles des personnes traitées. Votre approche en tant qu'homme diffère-elle de celle qu'utiliserait une femme devant la même problématique ?

A. Perri :

Que le thérapeute soit un homme ou une femme ne fait pas de réelle différence, considérant la discrétion et le grand respect de la dignité humaine que doit tout thérapeute au bénéficiaire de ses soins.

Équipe ACTMD :  

L'acceptation d'être touché par un inconnu n'est pas facile pour tout le monde et en particulier pour le type de clientèle que vous traitez, des personnes souvent coupées du monde extérieur et peu enclines à l'interaction. Comment vous y prenez-vous pour " traverser leur armure " ?

A. Perri :

La patience est le mot-clé.  Puisque, comme je l'ai déjà mentionné, ces adultes sont en soi des enfants, la règle est la même, c'est-à-dire se mettre à leur portée tout en souplesse en ne forçant rien, associer le jeu, la douceur, le rire, à la prise en charge et ceci, avant toute tentative d'une approche corporelle directe avec la personne. L'approche bio énergétique, qui aborde l'humain dans son unité corps-esprit, est le fil conducteur.

Équipe ACTMD :  

Diriez-vous qu'il y a un lien d'attachement qui se développe entre le thérapeute et la personne handicapée ?

A. Perri :

Un très grand attachement, à cause du lien de confiance qui unit nécessairement le thérapeute à la personne handicapée.  À un point tel que lorsque la toile serrée, tissée au fil de rencontres échelonnées sur de longues périodes, se déchire en raison d'un décès par exemple, il en résulte un réel chagrin. Ces personnes ne connaissent ni le racisme, ni la méchanceté, ils n'ont pas de complexes; ils aiment et nous enseignent l'amour. L'idée de délaisser ma pratique auprès de cette clientèle ferait pour moi figure d'abandon justement en raison de ce lien.

Équipe ACTMD :  

Généralement pouvez-vous constater des différences avant et après le massage et avec quels clients avez-vous obtenu le plus de résultats ou de satisfaction ?  Pouvez-vous citer quelques exemples ?

A. Perri :

Le bien que ces personnes ressentent suite à des séances ne se mesure pas. Il faut savoir qu'ils n'atteignent que très rarement un réel état de détente, beaucoup parce que leurs membres sont repliés et raides, parfois depuis leur naissance tels les paralytiques cérébraux ou les malades atteints de maladies apparentées à la famille des TED dont l'autisme, ou encore de façon circonstancielle par accident ou maladie dégénérative. Après le massage, ils sont plus calmes, se plaignent moins, et ont beaucoup moins de spasmes.

Un cas de réussite m'ayant particulièrement touché est celui d'un aveugle de naissance n'ayant jamais laissé personne l'approcher, qui est malheureusement décédé dans la jeune quarantaine, mais avec qui j'ai développé une relation véritablement intense.  Il est l'un de ceux que je n'oublierai jamais.

Équipe ACTMD :  

À votre avis, les adultes paraplégiques de naissance ou dont l'état résulte d'une dégénérescence neurologique, tel la sclérose en plaques ou le Parkinson pourraient-ils bénéficier du type de traitements que vous prodiguez ?

A. Perri :

Toutes les maladies ou atteintes corporelles peuvent tirer d'immenses bénéfices du massage, en autant que le traitement soit fait avec amour et compréhension ; tous les systèmes, hormonal, immunitaire, circulatoire ou respiratoire gagnent à être stimulés s'ils le sont avec la bonne approche.  La méthode des points gâchettes - "trigger points" peut, par exemple, grandement faciliter le traitement de patients qui opposent, par choix ou non, le mutisme à toute approche thérapeutique.

Équipe ACTMD :  

Avez-vous déjà songé ou avez-vous été approché pour présenter votre méthode à des massothérapeutes aguerris ouverts à l'approche d'une santé globale ?

A. Perri :

Il est arrivé que je sois consulté par des étudiants en bio énergétique ou en diverses techniques avancées de massothérapie pour des problèmes particuliers liés à des blocages neuromusculaires.  Je n'ai toutefois pas l'ambition d'enseigner ou d'ouvrir une école, mes préférences ayant été depuis toujours le soulagement de l'humain.

Équipe ACTMD :  

Quel conseil pourriez-vous donner à un massothérapeute qui aimerait se lancer dans cette aventure?

A. Perri :

Ce massothérapeute devra d'abord avoir acquis une large expérience dans l'une ou l'autre des techniques de massothérapie traditionnelles et avoir développé par l'apprentissage plusieurs autres " outils " tels la polarité ou la bio énergétique, entre autres.  Mais d'abord et avant tout, l'amour, la compassion et le désir d'aider devront toujours le guider dans ses démarches.

Équipe ACTMD :

Merci, Monsieur Perri, de nous avoir fait connaître ces aspects méconnus de votre profession et félicitations pour avoir osé vous aventurer hors des sentiers   battus dans une démarche orientée sur la perception de l'humain.

Vous pouvez contacter Angelo Perri au  514 892-5365

 

 

 

 

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